The Old Guard (Gina Prince-Bythewood, 2020) : ♪ Who Wants To Live Forever ♪

Titre original : The Old Guard
Réalisatrice : Gina Prince-Bythewood
Pays d'origine : États-Unis
Genre : Action
Durée : 2h05
Acteurs principaux : Charlize Theron (rôle : Andromaque), KiKi Layne (rôle : Nile), Matthias Schoenaerts (rôle : Booker), Marwan Kenzari (rôle : Joe)


Synopsis : Andromaque et sa bande de potes immortels font des bonnes actions à travers les âges et les continents mais, force est de constater qu’on ne vit toujours pas dans une utopie. Nos joyeux lurons baissent un peu les bras jusqu’à accepter bon gré mal gré une nouvelle mission. En parallèle, une jeune femme marine se réveille après avoir méchamment morflée mais sans la moindre égratignure. Elle se dit que, décidément, il y a peut être quelque chose qui cloche...



Chroniqueur : Adrien
Note : Atomic Charlize/20




Après un Tyler Rake bien sympathique et un Balle Perdue plus inégal, Netflix continue sur sa lancée et nous offre son adaptation des comics The Old Guard qui, sans réinventer la poudre, fait plutôt bien le taf en termes d’actionner old school post-John Wick.

En effet, le parti pris ici est celui d’offrir un spectacle qui met en avant les chorégraphies et la fluidité des actions quitte à joindre ces dernières par une trame classique qui reliera les points sans trop se fouler. L’essentiel du récit tournera donc autour de deux axes : d'un côté, la quête du PDG d’une random boite de pharma diabolique prête à tout pour extirper l’immortalité des nos héros afin de faire bander sa marge de profit; de l’autre, les états d’âme de nos immortels confrontés à la solitude de leur condition. On ne va pas se mentir : le second aspect est plus intéressant même si ça ne pisse pas beaucoup plus loin qu’Highlander.

Christophe Lambert approuve cette chronique !

L’action est donc bien au rendez-vous quand la situation l’exige mais The Old Guard n’arrive jamais vraiment à se hisser au rang d’un John Wick ou même d’un Tyler Rake. Même si Charlize Theron est ultra convaincante et parachève sa mue en moulin à calottes qui ne s’en laisse pas compter, le résultat n’a pas la brutalité d’un Tyler Rake ou l’esthétique léché d’un John Wick ou d’un Atomic Blonde.

Cependant, il ne faut pas en conclure que le film est une purge, loin de là. Malgré un résultat plus cut que les exemples susmentionnés, ses scènes réussissent à se distinguer. Là où, d’habitude, le protagoniste est seul face à un nombre obscène d’opposants qu’il va déglinguer, ici, la dynamique de groupe permet à la caméra de passer d’un héros à un autre et surtout de montrer la complémentarité qu’on peut attendre d’une équipe combattant côte à côte depuis des siècles. De même, une main tranchée ou une rencontre mouvementée entre le sol et la tête d’un opposant sera l’occasion de quelques pointes de brutalités bienvenues pour donner un peu d’impact à l’ensemble.

Mais, là où le film devrait tirer son épingle du jeu, avec son univers qui lorgne vers le genre super-héros / fantastique, il ne réussit pas vraiment à nous vendre cette histoire de guerriers ayant traversés les âges. La faute à une direction artistique un peu fadouille et à une intrigue qui explorera le passé des héros qu’à de rares moments via des scènes d’expositions un poil forcées. Comme l’intrigue du film est quasiment uniquement resserrée sur une période contemporaine, le spectateur n’expérimente pas le passage du temps comme dans le premier Highlander par exemple. Que nos héros aient 2000 ou 50 ans ne change finalement pas grand chose.

♪ Toujours vivants, rassurez-vous, balek notre âge, toujours debouts ♪

Enfin, le film n’aurait pas manqué d’un bon script doctor tant le scénario use d’ellipses un peu faciles (du genre Andromaque s’infiltre dans une base militaire, récupère ce dont elle a besoin et file dans une jeep visiblement volée sans le moindre problème en trois raccords).

Cependant, on trouve aussi des choses plus intéressantes dans le scénario. Ainsi, des ficelles scénaristiques permettent de désamorcer l’effet potentiellement suicidaire pour un récit de protagonistes immortels qui n’auraient donc rien à craindre des menaces qu’ils affrontent. Le film use aussi plutôt intelligemment de l’immortalité des héros à plusieurs moments pour les malmener (boyasse arrachée, balle dans la bouche, noyade, etc…).

Autre point ambivalent, la faiblesse de la caractérisation des personnages qui les rend assez monodimensionnels et plats. On a ainsi Andromaque blasée de son existence, le grognard tourmenté qui pense que l’éternité, c’est long, surtout vers la fin, et la petite nouvelle qui doit faire le deuil de sa « normalité ». Rien de neuf sous le soleil mais deux personnages sortent un peu du lot tout en restant assez sous-exploités. On rencontre ainsi un templier et un sarrasin qui ont la particularité d’être devenus amants au fil des croisades à force de se mettre sur la gueule à répétition. Il y a une idée intéressante derrière ce postulat que n’aurait pas renié les moutards de l’oncle Martin et de l’oncle Gaston.

C'est trop nul la vie ! Je mets des branlées à tout le monde et je gagne toujours à la fin !

Cependant, au-delà du jeu sur la virilité et les stéréotypes qui leur fait défoncer tout un camion de mercenaires bas du front, on reste un peu sur notre fin. Côté méchant, c’est cependant encore moins la joie puisqu’il rentre dans ce nouvel archétype assez fascinant du méchant à la Zuckerberg ou à la Elon Musk. En effet, de Venom à Batman V Superman en passant par Johnny English Contre-Attaque (si si !), on retrouve cette figure de méchant qui doit être jeune, geek, persuadé de sauver le monde, à la tête d’une grande boite et sans aucune éthique. Ce qui fait que notre méchant, au lieu de convaincre les gentils de l’aider à développer des traitements, préfère les traquer, les torturer et in fine se faire défoncer.

Pour conclure, The Old Guard est un film d’action qui fera le taf mais qui reste bancal. Il brille surtout par ses chorégraphies virevoltantes et l’implication de ses acteurs mais pèche par un univers un peu creux qui garde clairement ses cartouches pour des suites, une narration mécanique, une direction artistique et une photo un peu plates. Si vous avez Netflix, on ne peut que vous le recommander tout en espérant que ce premier volet boiteux accouchera d’une saga plus généreuse et mieux ficelée.

Que trépasse si je faiblis !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire