Réalisateur : Luc Besson
Genre : Science-fiction
Durée : 2h17
Acteurs principaux : Dane DeHaan (rôle : Valérian), Cara Delevingne (rôle : Laureline)
Chroniqueur : Adrien
Note : Sixième Élément/20
Ah,
Luc Besson... tout ou presque a déjà été dit sur lui ! A ses
débuts, il fut un des fers de lance du courant dit du « New
Look », alors inspiré par la publicité, qui mettait en avant
l’esthétique de l’image. Ce choix a déjà suffi à lui mettre à
dos une partie de la critique française, globalement un peu « old
school » va-t-on dire...
Cependant,
le public a suivi et, aujourd’hui, Subway, Nikita,
Léon ou Le Grand Bleu sont des œuvres plus ou moins
cultes qui ont imposé l’ami Luc comme une valeur sûre. C’est
ensuite Le Cinquième Élément qui marqua une nouvelle étape
dans sa carrière puisque, bien qu’il ait toujours été influencé
par le cinéma des ricains, il allait cette fois jouer directement
dans leur cour. Casting trois étoiles composé de Bruce Willis,
Chris Tucker, Milla Jovovich et Ian Holm : excusez du peu !
Pour une production complètement jobard alliant blockbuster ricain
et influences européennes comme celles de Moebius, Druillet ou encore Christin et Mézières, les
créateurs de Valérian et Laureline (on y arrive) !
Alors Bruce, on fait moins le fier quand on n'est pas dans le Nakatomi Plaza ? |
Et
c’est à ce moment qu’a commencé l’étrange relation de Besson
avec les États-Unis puisque ses films n’ont jamais vraiment marché
là-bas mais que, parallèlement, il est attiré par la démesure que
peut atteindre un blockbuster. Du coup, notre bon Luc se retrouve un
peu le cul entre deux chaises : à la fois trop européen pour
les américains et trop américain pop-corn pour les européens.
C’est globalement à ce moment qu’il est devenu de bon ton, pour
tout de suite passer pour un vrai cinéphile auprès de ses amis, de
défoncer Besson de manière systématique, un peu comme la poignée
de main secrète des francs-maçons... ça permet de se reconnaître !
Je vous dis cela alors que je ne supporte pas la trilogie d’Arthur
et les minichieurs et que Malavita me cause encore des
angoisses nocturnes mais... c’est une autre histoire. Du coup, tout
ça pour dire qu'après avoir changé la loi française pour pouvoir
faire son film en France (rien que ça !), Luc arrive à une sorte de
conclusion logique de sa carrière en adaptant Valérian himself au
cinéma.
Regarde, Valérian, c'est le mec qui a réalisé Arthur et les minimoys et qui a fait apparaître Stallone et Djibril Cissé dans Taxi... |
Bref,
revenons donc à Valérian, le projet pharaonique de Besson et
film français le plus cher de l’histoire puisque, visiblement,
c’est la seule chose qui a intéressé la plupart des médias. La
Cité Des Mille Planètes narre donc l’histoire de deux agents
d’élite, Valérian et Laureline, qui arpentent l’espace en
remplissant des missions plus périlleuses les unes que les autres.
Il devront faire face à un sombre complot qui les entraînera au
cœur de la station Alpha, la cité des mille planètes, foyer de
milliers de cultures. Cependant, le film ne commence pas par cela, ce
qui est un choix loin d’être anecdotique, mais il commence par
deux longues séquences quasiment sans dialogues et donc purement
contemplatives qui cristallisent le rapport à la candeur et à
l’utopie parcourant tout le cinéma de Besson et particulièrement
ses deux space opéra : Le Cinquième Élément et, donc,
Valérian.
La
première séquence est donc un montage retraçant la conquête
spatiale, d’abord par des images d’archives puis par l’ouverture
du cadre qui signifie le passage à la fiction. Les poignées de
mains entre différentes nations puis différentes races marquent la
progression de l’humanité vers un idéal pacifique qui sera
ensuite nuancé dans le film. On découvre alors comment la conquête
spatiale s'est poursuivie, faisant croître la station Alpha jusqu’à
l’ajout en son sein de races aliens puis son détachement de
l’attraction terrestre. Cette évolution de l’ISS vers un noyau
cosmopolite accueillant toutes les races et toutes les nationalités
est rythmée par le Space Oddity de David Bowie fonctionnant
sans grande surprise du feu de Dieu. Ce prologue nous narre donc le
rêve niais ou utopique, selon les sensibilités, d’une conquête
spatiale porteuse de paix et de compréhension mutuelle.
L’autre
séquence nous plonge cette fois dans l’univers des Pearls, une
espèce pacifique vivant en harmonie avec leur écosystème et ne
connaissant ni la haine, ni la guerre. Une sorte d’humanité
parfaite selon les propos de Besson. C’est alors que ce portrait
idéalisé d’une espèce qui aurait pu être la nôtre est mis à
l’épreuve par la guerre et la mort.
Peace & Love... Après les hippies, les hipearls ! |
En
soi, cette double introduction, qui ne mentionne jamais nos héros,
est un concentré théorique de la vision de Besson :
l’innocence et la naïveté mises à l’épreuve par la violence
du monde. C’est Lucy, jeune fille influençable transformée en
machine de guerre, à l’instar de Nikita... Mais c'est aussi
Mathilde dans Léon qui voit son enfance mise à l’épreuve
par les événements... Enfin, bien sûr, c'est Leeloo du Cinquième
Élément qui est l’incarnation même de cette idée. Les
Pearls sont d’ailleurs assez proches de cette dernière, notamment
la princesse qui, dans ses traits, son comportement ou son langage,
rappellera Leeloo.
Dallas, Multipass ! |
Tous
ces personnages ont en commun d’avoir une certaine innocence et une
candeur qui devront faire face à la corruption et à la violence. Le
dilemme des personnages est alors le suivant : dans quelle
mesure cette violence peut-elle les altérer eux-mêmes ? On
comprend donc que ce qui intéresse le plus Besson est de mettre les
Pearls face à ce dilemme, ce qui rend compréhensible bien que
discutable le fait de si peu se concentrer sur les deux héros. En
effet, Valérian et Laureline ne montrent leur frimousse qu’après
une dizaine de minutes de film et apparaissent comme un moyen pour en
apprendre plus sur les Pearls au cours d’une enquête...
malheureusement cousue de fil blanc, il faut bien le reconnaître.
Nos deux tourt'héros |
On
arrive donc in medias res juste avant une première mission et on
n'aura pas beaucoup plus d’informations sur leur histoire ou la
manière dont ils se sont rencontrés. Tout comme Valérian devient
un véhicule pour l’âme de la princesse Pearl, les deux héros
sont un véhicule pour circuler au sein de cette univers foisonnant
qui aura la priorité par rapport à une caractérisation approfondie
des personnages. Ce défaut se ressent à quelques points-clés du
métrage, notamment une scène où Valérian prend une décision qui
apparaît comme une incohérence par rapport à son comportement
depuis le début du film. Pourtant, Dane DeHaan et Cara Delevingne ne
déméritent pas fondamentalement même si ça ne casse pas trois
pattes à un bigorneau, d’autant qu’ils apparaissent bien trop
jeunes pour être des vétérans comme on nous les présente. De
même, Clive Owen fait ce qu’il peut avec un rôle qui aurait
mérité plus de développement pour éviter d’avoir la profondeur
d’un méchant du premier Marvel venu. Au final, les deux surprises
les plus rafraîchissantes sont Alain Chabat et Rihanna qui, même
s'ils incarnent de petits rôles, sont vraiment marquants.
En piste, mon mignon ! |
On
voit donc que, globalement, l’écriture pêche un peu et le
scénario ne va pas rattraper le tout. En soi, l’histoire est
intéressante mais elle est racontée de manière assez maladroite
avec, en points d’orgue, les flashback de fin de film ou un
suspense autour du méchant vraiment suranné. On se retrouve face à
un script en dents de scie qui alterne moments sympas et lourdauds
mais à travers lequel transparaît toujours une honnêteté et une
sincérité assez touchantes. C’est un fait : Besson n’a pas
la subtilité d’un neurochirurgien et, par moment, votre suspension
d’incrédulité sera rudement mise a l’épreuve ! Reste
alors l’univers visuel qui est le cœur du film.
En
effet, ce pourquoi Besson a tant dégraissé ses personnages, c’est
pour développer un univers à l’écran qui est l’un des plus
enthousiasmants qu’on ait pu voir depuis plusieurs années. Loin
de donner naissance à une science-fiction générique et stérile, Besson
a continué le travail commencé sur Le Cinquième Élément
pour accoucher d’un univers unique irrigué par la BD européenne :
Valérian bien sûr, mais aussi Métal Hurlant par
exemple. Malgré une enquête ponctuée de hauts et de bas, arpenter
la galaxie est un réel plaisir tant l’univers créé par Besson
est foisonnant et rempli de passions. La réalisation de Besson
profite de l’univers numérique pour promener sa caméra librement
dans d’amples mouvements mettant en valeur le travail des artistes
et notamment de Weta qui est saisissant. En termes d’effet
spéciaux, on est bien au-dessus de Spider-Man : Homecoming
ou Wonder Woman pour prendre l’exemple de deux blockbusters
récents.
Qui plus est, il est intéressant de voir que Valérian se
démarque aussi des autres blockbusters en ce qu’il n’utilise
jamais l’humour pour désamorcer le premier degré et qu’il se
ménage ainsi de vrais moments d’émotion. Besson assume pleinement
lorsqu’il veut créer l’émotion, quitte à marcher sur la
frontière avec le ridicule. On peut voir le dilemme qui se crée
chez le spectateur comme une preuve que la naïveté passe de moins
en moins face à un public de plus en plus cynique. Ce choix donne un
ton unique à Valérian, à la fois blockbluster coloré et
lumineux mais qui n’hésite jamais à basculer dans l’émotion
pour porter le message de Besson.
Gare à toi, Sylvain, Luc est dans la place ! |
Pour
conclure, Valérian est un divertissement fondamentalement
bancal mais aussi riche et sincère qui se démarque vraiment dans le
paysage actuel. Il est impossible de passer outre les problèmes qui
émaillent le film mais on peut aussi se réjouir que Valérian
porte la marque franche d’un auteur. Besson poursuit au sein d’un
ambitieux divertissement sa réflexion utopiste sur la place de la
candeur dans un monde qui lui laisse de moins en moins de place. De
plus, il place dans son œuvre des figures de femmes fortes et
réussit même à faire en sorte que Valérian
soit directement guidée par un esprit féminin. C’est ce qui fait
toute la beauté de ce Valérian,
projet gargantuesque qui réussit à préserver en son sein toutes
les préoccupations de son auteur, ce qui, dans le paysage actuel des
blockblusters, fait de ce film un pari largement gagnant.
Hmmm Cara ! |
Je trouve que tu défends ce film comme si c'était un premier film, ou alors un coup d'essai de Besson dans la SD, mais ce n'est ni l'un ni l'autre... alors oui, Weta à fait un super boulot, mais bon, le film rame beaucoup trop, et faire un univers visuel n'empêche pas de fouiller les personnages (gardiens de la galaxie) et même en terme de mouvement de caméra, rien de bien passionant, l'intro de star wars 3 en plan séquence éclate tout ce film quoi!
RépondreSupprimerSF*
RépondreSupprimerFaut voir que l'épisode 3 est une conclusion et donc en terme de build up y'a pas besoin de présenter l'univers on connaît les enjeux. On sent que Valerian est un premier film car il s'échine à mettre en place son univers sans doute que les personnages seront plus mis en avant ulterieurement. Apres on peut contester ce choix c'est sur.
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